Entre Foi et science
Procédés de navigation du Moyen-âge, aux grandes découvertes.
et l'évolution des mentalités
Qu'il s'agisse
de prendre du poisson ou bien d'aller échanger des produits, l'acte de
naviguer a pour conséquence la confrontation à un univers incertain
dont il faut interprèter les signes, avec lequel il faut composer. Armé
des connaissances qu'il a acquises, le navigateur, une fois en mer se
retrouve face à un autre soi-même. Les manières de naviguer ont
témoigné non seulement des nécéssités économiques mais aussi de
modifications dans la conception du monde .
Les
informations dont nous disposons nous conduisent à penser que, depuis
la fin de l'Empire Romain, jusqu'à l'époque des premières croisades,
les transports par mer furent effectués par ce que F. Braudel appelait
des "barques processionnaires" navigant en vue de terre. En
Méditerranée celle-ci est rarement loin des yeux. Les "péripli"
énoncent les étapes des itinéraires, indiquent la distance et
l'orientation générale de chacune d'entre elles par rapport à celle qui
la suit.
Le périple dit d'Arien, celui de la Mer d'Erythrée, tous deux du second siècle en sont des exemples.
Les gloses, d'un manuscrit de la "gesta" d'Adam de Brème,
vers 845, font état de routes vers l'Islande et vers le proche
Atlantique, qui suivent la route maritime empruntée par les Vikings
puis les croisés flamands de la troisième croisade1* 1. "Da sfera" de L. et G. Dati,
(vers 1436), dont une centaine d'exemplaires nous sont parvenus,
contient un itinéraire qui relie les Canaries à l'embouchure du Don, et
ce dans l'ordre où le donne Pomponius Mela *2, au premier siècle de notre ère.
Tous, constituent, sans aucun doute, autant de témoignages des méthodes employées en ces âges reculés.
Ne croyons pas que les méthodes nouvelles,
lorsqu'elles entrent en usage commun, causent la disparition immédiate
des vieux algorythmes.
Alors qu'étaient disponibles des méthodes plus élaborées, Duarte Pacheco, en 1505, dans "Esmeraldo De Situ Orbis", suit Pomponius Mela, tandis que le Livre de Mer de mer,
rédigé vers 1572, conservé à la Bibliothèque Communale d'Anvers, décrit
les côtes bretonnes et flamandes, selon la méthode linéaire des péripli
anciens *3.
Péripli profanes, ils
accompagnaient pélerins et marchands engagés dans des régions
lointaines en des voyages utilitaires. En chrétienté, ils font
remarquer au marin chrétien le rôle historique de certains points comme
par exemple, dans la "sfera" de Dati:
Del Monte Sinay piu la son poco
Sul qual fu data la legge divina
Dove e sepolta Santa Chaterina.
L. Dati, Da sféra, f° 21 du masuscrit d'Amsterdam.*2
[Dati]
Dans le même temps, textes et mappemondes réalisés par les clercs médiévaux, tels Hugues de Saint-Victor (1128-1129), Lambert de Saint-Omer
(1120), nous proposent l'image d'un oekoumène, inséré dans un
hémisphère nord et cerné par un grand océan. Le Paradis terrestre,
origine des jours du commencement est représenté à l'est, en haut de la
mappemode. l'Enfer est placé en bas, à l'ouest, là où se situe la Fin
des temps" depuis l'Eden des origines jusqu'aux rivages ultimes de
l'Océan, là où, comme le soleil, l'homme doit sombrer dans l'abîme pour
ressusciter à un monde nouveau" .
Pénétré de l'impuissance de l'homme, perçu comme une créature déchue,
le clerc refuse le Monde, à l'imitation de Saint-Bernard, aux yeux de
qui il est un obstacle à l'approche de Dieu.
l'Eglise, d'une manière générale, n'incite pas à la recherche des
causes, des anomalies constatées à ce que les pères de l'Eglise, comme
Cicéron, qualifient d'Ordre des choses.
A cela s'ajoute une fierté de
soi, héritée de l'Empire. Les peuples situés au delà du monde urbanisé
méditerranéen, sont présentés sous des connotations négatives.
Les orientaux, sont fils de Cham, race maudite.
Selon Lambert de Saint-Omer, les Africains sont noirs, tandis que les
Ethiopiens sont ténébreux comme la 'Terra tenebrosa'. Leur couleur,
selon Saint Amboise signifie ténèbres et misère de l'âme *4 . L'Afrique
est marquée du sceau de l'étrangeté. Que dire, plus tard, du Nouveau
Monde !
Le Liber Floridus situe la
Terre au centre d'un système Ptoléméen, dont les Chaldéens avaient jeté
les fondements. La terre pourrait selon certains, avoir la forme d'une
sphère, son diamètre serait celui déterminé par Erathostène.
Elle serait la plus petite des planètes. La modestie sied au monde. Ses
extrémités sont glacées *4. Une zone équatoriale torride sépare
L'oekumène de l'hémisphère austral qui est réputé inaccessible.
Le Pape Zacharie, au VIII° siècle, avait conclu que puisque l'église
devait apporter la Bonne Nouvelle pour le salut de tous, les êtres
situés aux antipodes, s'ils existaient, ne pouvaient être fils d'Adam
puisqu'il n'était pas possible de les joindre... Des extra-terrestres
en quelque sorte, d'une espèce d'ordre différent, situés dans une autre
base de temps et un autre lieu.
A l'occasion des croisades, et
tout particulièrement de la reconquête en Espagne, clercs et marchands
développent des échanges, philosophiques, artistiques et en particulier
scientifiques, avec le monde islamique. L'Asie, n'est plus seulement,
le pays d'où provient la soie de Cathay. En langue russe la Chine se
dit encore "Kitai', avec laquelle les échanges n'avaient pas cessé
depuis le temps de Rome, comme en témoignent les missions de Plan Carpin, de Rubruck entre autres.
Ophyr, n'est plus seulement le lieu d'où provienent les aromates, et
l'encens dont la fumée réconciliatrice monte de la terre vers les
cieux.
De Ramon Llull, "El arbor de sciencia", Majorque vers 1235, à Finobacci, "Liber abbaci", Bougie XII° siècle, en passant par Hunayn-ibn-Ishac en Syrie, traducteur de Galien, les clercs retrouvent les sciences de la Grèce prè-chrétienne.
La carte à marteloire apparaît. La carte Pisane,
datée des environs de 1290 en est le prototype achevé, mais il est à
peu près certain qu'il en existait de plus anciennes si on retient
l'allusion qu'en fait Guillaume de Nangis dans sa relation de la seconde croisade de Saint-Louis (1270).
[Histoire de la cartographie
nautique]
Le marteloire est une figure circulaire dont la circonférence est
divisée en 16 ou 32 points équidistants, reliés tous à chacun des
autres par des cordes. Il procède indiscutablement du théorème de Ptolémée et de la manière d'établir les tables des arcs donnés par "La composition mathématique" du même Ptolémée *5.
Il servira désormais à déterminer, quelle que soit la route suivie par
un navire, forcé de louvoyer, la direction et la distance à laquelle se
trouve sa destination, pourvu qu'il dispose d'un repère continu de la
direction du nord. Un calcul de proportion, qui pouvait d'ailleurs être
évité par l'usage, bientôt généralisé d'une échelle des distances, en
facilitait la pratique. La manipulation était effectuée à l'aide de
deux compas à pointes sèches.
(Voyez la page Marteloire sur ce site)
[ Marteloire ]
La science cléricale, tira, de Ptolémée, à cette époque, une contribution essentielle à la science nautique.
Tout montre que le marteloire était orienté dans la
direction du Nord magnétique pour la région décrite par la carte.
En étudiant attentivement certaines de ces cartes on perçoit qu'elles
furent tracées autour d'itinéraires privilégiés, parmi lesquels j'ai
décelé celui qui de la Manche conduisait en Terre Sainte par la cote
nord de l'Afrique (Algérie, Tunisie, Lybie...).
Les propriétés du magnétisme avaient été entrevues depuis des lustres.
Isidore de Séville, entre autres, y fait allusion et Gervais de
Tilbury, au début du XII° siècle, rapporte une expérience attribuée à Saint Augustin*6.
C'est aussi au milieu du XII° siècle qu'apparait l'usage de l'aiguille aimantée.
Sur ce point encore, les marins tirent, de ce dont la science cléricale
avait fait un objet de curiosité, une application nautique .
L'amélioration de la sécurité de la navigation, qui résulte de ces
nouveautés, en particulier dans les régions où le ciel, souvent
couvert, ne permet plus une orientation régulière par l'observation des
astres, suggère une raison à la construction de navires de grande
taille, 1000 tonneaux, qu'on constate à Venise et à Gênes. Tout cet
ensemble va désormais faciliter la pratique de relations maritimes "en
droiture" entre l'Italie et les Flandres.
La navigation sur les côtes atlantiques demande, en
plus, une parfaite prédiction des marées. Au temps de Bède le
Vénérable, au VI° siècle, on enseignait aux évêques comment calculer
sur leurs doigts, dans "De loquela Digitorum"
et en particulier l'âge de la lune dans l'intention d'en tirer la date
de la célébration de Pâques, fixée par le concile de Nicée, au premier
dimanche suivant la nouvelle-lune, qui se produit immédiatement après
l'équinoxe de printemps....
Cet enseignement sera repris par les rédacteurs des "Règlements"
nautiques portugais. Ces moyens élémentaires sont assez précis pour que
l'on puisse les vérifier encore de nos jours. De l'âge de la marée, on
déduit, pour un lieu particulier, l'heure de la pleine mer. Les cartes
à marteloires, tant italiennes que majorquines ou portugaises,
indiquent pour chaque port, les intervalles séparant le passage de la
lune au méridien, du moment auquel se produit la pleine mer.
Saint-Mathieu en Bretagne est à trois heures ce qui veut dire que le
jour de la pleine lune, la pleine mer a lieu à trois heures de l'après
midi.
Nous constatons que, là encore, un algorythme clérical, reçoit un usage nautique.
L'exploration du proche Atlantique, allait reléguer Saint-Brendan et les moines de Saint-Mathieu, dans l'imaginaire des peuples où ils pérégrineront sans fin.
Lors des expéditions portugaises
vers l'Afrique, au delà du cap Bojador, le vent et le courant poussant
les navires au large, au delà des repères de la côte d'Afrique les
marins seront forcés de se trouver de nouvelles méthodes pour trouver
leur chemin de retour. La possibilité de mesurer la hauteur de l'étoile
Polaire, qui est presque égale à la latitude, était connue
d'Erathostène et des clercs du Moyen-âge. Les marins portugais vont en
faire usage. Rendus à la hauteur de Lisbonne les pilotes faisaient
route vers l'est et retrouvaient leur port de départ. Ce procédé de
navigation, à latitude constante, fut utilisé par Colomb.
L'observation de la distance zénitale du soleil,
observée au moyen d'un astrolabe de mer, permettait d'estimer la
latitude en y ajoutant la déclinaison de cet astre.
Les tables d'Alphonse X, Le Sage, 1252-86, reprennant les déclinaisons
du soleil, déjà fixées par Ptolémée, transmises de l'arabe, indiquaient
la déclinaison. Ces tables, présentées dans Almanach perpetuum de
Zacuto, *7 vont être adaptées à ce nouvel usage dans le "Regiment de l'astrolabe" et à la culture des marins. Un procédé de traçage graphique permettra d'obtenir cette déclinaison sans calcul.
(Voyez la page Astrolabe sur ce site)
Les Clercs utilisaient leur savoir astrologique en vue de fixer le calendrier liturgique, et les heures des prières, tant en terre d'Islam qu'en chrétienté.
Il en était fait un usage qui nous parait irrationel, celui de tirer des horoscopes.
Ceux des grands personnages sont souvent cités par les chroniqueurs, par exemple celui du prince Henri, par Azurara, 1448. *8.
Christophe Colomb lui même, dans les annotations qu'il écrivit en marge
de certains des livres de sa collection, fait une large place à des
considérations de cette nature. Dans un exemplaire de Imago mundi,
conservé à Séville, il note la malignité de Saturne et de Mars.
La contestation entre tenants de
la liberté de l'homme, enseignée par l'Eglise, soutenue par des hommes
comme Petraque, et ceux qui croyaient en la toute puissance des astres
et en la prédestination, défendue par des hommes comme Pic de la
Mirandole, ou Ibn Khaldoun, répond en écho aux divergences séparant,
sur ce point, Aristote de Platon. Le vieux débat sur la prédestination
reprend une nouvelle vigueur à l'approche des grands découvertes. Des
hommes réputés aussi rigoureux que Kepler qui écrit "Animam quoque in corpore solis inesse necesse est", s'interrogent sur le degré d'indépendance de l'être.
Comment se montrer surpris de constater l'usage de
l'astrologie dans le domaine judiciaire, lorsque la preuve matérielle
faisait défaut *9 ?.
Dans le même esprit, les traités de médecine
recommandent l'usage ou l'abstention de remèdes selon la configuration
du ciel. L'Atlas Catalan,
offert par le Roi d'Aragon à Charles VII montre une représentation d'un
corps humain dont les parties sont timbrées de signes du zodiac. Une
table explique les conjonctions du soleil et de la lune avec ces signes
et explique les périodes néfastes aux interventions.
C'est principalement d'Espagne que les documents attestant ces
croyances nous sont parvenus en plus grand nombre. On les doit le plus
souvent à des médecins juifs, qui se révèlent comme des catalyseurs
entre la science cléricale et celle des navigateurs.
L'Eglise catholique éprouvera de grandes difficultés à séparer ce
qu'elle considérera comme licite, de ce qui sera réputé comme procédant
de l'esprit malin. Au cours de la tourmente qui accompagna la Réforme,
l'Inquisition a ainsi poursuivi de nombreux savants, accusés de
d'hérésie ou de conversion suspecte.
Citons Pedro Nunes, pilote
major du royaume de Portugal, juif converti, 1537, qui ne dut son salut
qu'à la haute protection du roi et enfin le célèbre Mercator qui,
fut emprisonné en 1544 10.
Mais au delà de la persécution, ce sont les
conséquences des nouveautés révélées par la science qu'on tentait
parfois d'occulter, comme l'illustre le procès fait à Gallilée.
De nombreux hommes de science portugais durent s'exiler, contribuant
ainsi à un transfert de technologie vers le nord de l'Europe du nord et
même la Turquie. Ces préoccupations métaphysiques et religieuses
eurent, par conséquent, des retombées économiques et stratégiques.
Les hommes de cette fin du Moyen-âge voient, à
chaque retour de caravelle, se détériorer leur vision du monde.
Lambert de Saint-Omer aurait
peut être discerné, une fin des temps, dans le franchissement du Cap
Bojador. Le retour de l'esprit rationaliste brouille la vision du monde
médièval. Dans un premier temps
l'Eglise semble avoir discerné l'esprit malin de la tentation,
dans la notion d'entreprise, sous toutes ses formes. Il serait
cependant exagéré de ne retenir que cet aspect des choses. Des hommes
comme Adélard de Bath, de
l'Université de Paris, avaient, dès le XII° siècle, cherché à percer la
nature des phénomènes, allant jusque chez les Arabes chercher la
réponse à leurs interrogations. On dit que c'est à son retour d'Espagne
que Gerbert, le futur Sylvestre II, composa son "Abacus".
Il est permis de se demander si l'Eglise ne fut pas contrainte à suivre
des événements, qui l'inqiétaient mais qu'elle ne pouvait contrôler.
Les bulles de Calixte III, puis d'Alexandre IV et la
suite de documents diplomatiques qui allaient aboutir au traité de Tordesillas,
en 1494, instituant une ligne de démarcation à 370 lieues à l'ouest du
cap Vert, séparant le monde en deux hémisphères, l'un soumis à
l'influence portugaise, l'autre laissé au roi d'Espagne; traduisent
l'altération des relations de Rome avec les chancelleries d'Espagne et
de Portugal. Si les premiers de ces accord émanent du Saint-Père, les
derniers sont établis directement entre les deux puissances maritimes
du moment et portent des clauses de renonciation à l'arbitrage de Rome
*11 ce qui indique clairement le changement de leur finalité: Les
expéditions vers les terres nouvelles, initialement destinées à
rechercher le concours du Prêtre Jehan contre l'Islam et à évangéliser
des peuples lointains, reçoivent désormais une mission commerciale et
stratégique.
Dès le premier retour de Vasco de Gamma, les
marchands italiens de Bruges informent le Sénat de Venise de la chute
des cours des épices à Bruges *12.
Au retour du premier voyage de Colomb, la conception
du monde, malgré toutes les questions qui se pressaient, n'avait pas
changé dans l'opinion. Des hommes comme Pierre d'Ailly restaient
contestés par leurs pairs. Ce n'est que quelques années plus tard que
l'on saura de manière certaine qu'un nouveau monde a été découvert. Ce
fait, inoui pour l'époque, soulèvera des questions redoutables: Si les
peuples découverts, dans ce qui allait être nommé l'Amérique, étaient
des hommes, on se devait de leur apporter la Bonne Nouvelle et ne pas
les traiter plus mal que les habitants du vieux monde. Leurs moeurs, en
particulier le cannibalisme, étaient elles le fait d'une intelligence
semblable à la notre ? De ces questions devaient découler le traitement
qu'on leur reserverait. La controverse lancée par Las Casas nous
a laissé la trace indélébile d'un drame qui perdure de nos jours. Les
faits allaient plus vite que les théories. Le Saint Siège, lui-même à
peine sorti de l'épreuve du Schisme, était entré dans les turbulences
d'un examen de conscience formidable, dont le signe le plus visible
était la séparation des chrétiens. Le monde ne se séparait plus en Bons
et Méchants.
Le peuple, chaque jour plus informé par l'explosion
médiatique que les méthodes d'impression avaient diffusé, prenait des libertés avec des principes enseignés par l'Eglise.
Celle-ci, dans ce tourbillon
qui lui faisait violence dut, à son tour, faire appel à ces sciences
profanes afin de transmettre aux générations ultérieures, une foi
épurée, tenant meilleur compte des situations qui s'étaient crées. Je
pense ici à Dom Michel Le Nobletz, en Bretagne, dont les "taoulennou",
cartes et images, aux figures de maisons et bateaux, familiers des
Bretons, servaient à illustrer une doctrine qui se voulait rénovée.
L'un d'eux évoque l'ouverture d'un passage au travers de l'isthme de Panama, qui raccourcirait la route de retour de ses ouailles. Dom Michel Le Nobletz
, au Conquet, établit un parallèle entre l'entreprise humaine à but
profane et l'espérance du croyant qui doit consentir des grands efforts
pour que sa route l'approche du salut final *13.
Ce ré-examen des valeurs, troublait les esprits
cultivés, autant que les marins, soldats et marchands.
Ces derniers,
pressés par des considérations élémentaires et sans doute brutales, ne
pouvaient pour autant oublier ce que l'Eglise leur avait enseigné, comme l'a illustré le célèbre ouvrage "La controverse de Valladolid"
Gomez Eanes da Zurara interprétait ainsi leur angoisses: "Vierge
de Thémis, qui parmi les muses du mont Parnasse avais la spéciale
prérogative de scruter les secrets de la caverne d'Apollon, je doute
que tu aies éprouvé plus de crainte à poser tes pieds sur la table
sacrée où les révélations divines allaient t'imposer un tourment
presque mortel...." *14. A l'image de Fernao Mendez Pinto dont la "Pérégrination"
reéditée, il y a quelques années, clercs, marchands, soldats et marins,
chacun à son rang, firent cependant face à ce nouveau défi.
L'Occident manifesta, en ces siècles de vertige une capacité à se remettre en question
qui n'est pas sans relation avec les progrès qu'il réalisa jusqu'à
notre époque où de nouveaux défis, tant dans le cosmos qu'en matière de
génétique, par exemple, s'amoncellent à l'horizon.
Notes:
-1- Stephane Lebecq, "Marchands et navigateurs frisons du Haut-Moyen-âge", Lille, 1983, t.2, p. 196.
-2- H. Michéa, "A propos de Dati", "Médieval ships and birth of technological societies", Malte, 1992.
-3- J. Denucé et D. Gernez: "Le livre de mer, manuscrit de la
Bibliothèque communale d'Anvers N° B 29166", Anvers, 1936, 91 p. +
planches.
-4- Danièle Lecoq: "La mappemonde du liber floridus ou la vision du monde de Lambert de Saint-Omer", Imago mundi, 1987, p. 9-20.
"La Mappemonde du Arca Noe Mystica de Hugues de Saint-Victor
(1128-1129)", actes du congrès international de géographie, Paris,
1989, p. 9-31.
-5- Claude Ptolémée "Composition mathématique", traduction de M. Halma, Paris, 1813, Ch IX, p. 26-36.
Sur l'usage du marteloire la seule allusion connue pour cette époque se
trouve dans un atlas d'Andrea Bianco, vers 1436. L'usage qu'il en donne
tend déjà à l'évaluation, des coordonnées géographiques. Il ne fait pas
mention de l'usage décrit ci-dessus, qui est plus ancien et que j'ai
exposé en détail dans la "Revue de l'Institut Français de Navigation",
n°141, janvier 1988, p. 101-117, repris par plusieurs autres
publications.
-6- Gervais de Tilbury, vers 1214, dans un "Livre des merveilles",
traduit par A. Duchesnes, Paris, 1992, p.22 relate l'expérience prêtée
à Saint-Augustin au moyen d'une pierre d'aimant indienne et faisant
tourner un morceau de fer placé dans une auge en déplaçant la pierre
autour.
-7- Abraham Zacuto "Almanach Perpetuum celestium motuum, radix 1473", fac-similé de l'édition de leira 1496, Munich, 1915.
J. Bensaude "L'astronomie nautique au Portugal", réédition, Amsterdam, 1967.
-8- Gomes Eanes da Zurara: "Cronica da Guiné", Lisbonne, 1937 et version Française IFAN Dakar, 1960.
-9 - E. Garin, "Le Zodiaque de la vie", Paris , 1991, p 27.
-10- Album Antoine de Smet, Bruxelles, 1974, "Mercator à Louvain 1530-1552, p.193-274, en particulier p. 236-237.
-11- Luis Adao Da Fonseca, "O tratado de Tordesilhas e a diplomacia luso-castelhana no seculo XV", Lisbonne, 1991.
Antonio Rumeu de Armas "Nueva Luz sobre las capitulaciones de Santa-Fe de 1492", Madrid, 1985.
Luis de Matos: "L'expansion portugaise dans la litterature latine de la
Renaissance", Lisbonne, 1991, Chapitre VII 'Les lettres de la
chancellerie portugaise au Saint-Siège'.
J. Paviot: "L'Imaginaire géographique des découvertes au XV° siècle",
Fondation Calouste Gulbenkian, Paris, 1990. Les ambassades en Ethyopie,
terre du Prètre Jean. Projet de l'Ecuyer du Duc de Bourgogne, Gilbert
de Lannoy, 1522-1523, de détourner les sources du Nil afin d'affamer
l'Egypte.
-12- Luis de Matos: "L'expansion portugaise dans la litterature latine
de la renaissance", Lisbonne, 1991, Ch. IV, 'la correspondance des
marchands et diplomates italiens", p. 207 et s.
-13- F. Renaud : "Michel le Nobletz", Paris, 1955, p. 236.
-14- Gomes Eanes da Zurara: "Cronica da Guiné", version Française IFAN Dakar, 1960, ch.VIII, p.70.

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